L’Écho de la Haute-Vienne, 2 sept 2005, J.M.


FASCINANTS ET DESTABILISANTS JUMEAUX

Deux ans après « Des phrases courtes, ma chérie » Pierrette Fleutiaux entraîne ses lecteurs dans un univers complètement différent avec « Les Amants imparfaits », au cœur duquel est observée attentivement la gémellité. L’auteur s’attarde sur l’enfance et l’adolescence de ses personnages, se comporte en excellent psychologue et sociologue.

Voici deux familles bien différentes : l’une très riche, vit dans le luxe et le confort, un temps à New York, un temps à Hong Kong. C’est dans ce milieu qu’évoluent les jumeaux Camille et Léo, enfants chez qui il est difficile à première vue, de distinguer la fille et le garçon. L’autre famille, située à Bourgneuf (les Creusois feront tout de suite le rapprochement avec Bourganeuf) nettement plus modeste, composée d’une mère, veuve, employée de mairie, et de son jeune fils, Raphaël. Ce dernier a Paul pour unique copain.

Par l’auteur interposé, voici que Raphaël devenu adulte, écrit sous une forme romanesque cette enfance et cette adolescence marquées par Camille et Léo. Ceux-ci, légèrement plus jeunes que Raphaël (différence de trois ans) ont un comportement singulier lié à leur gémellité et exercent à la fois une sorte d’emprise et de fascination sur Raphaël. Cela se traduit au travers des jeux, attitudes sociales et autres bêtises de ces enfants et ados au fil du temps. Raphaël éprouve de l’affection pour Camille. Ces sentiments sont-ils réciproques et quelles vont être les réactions de Léo ? Par ailleurs, vers la fin du roman, entre en scène un quatrième personnage, Anne, copine du groupe et plus particulièrement de Raphaël. La jeune fille aime ce dernier. Se pose le dilemme entre Camille et Anne. Celle-ci brise à jamais sa vie en se jetant par la fenêtre.

D’après un pompier, elle prononcera ces mots lourds de conséquence : « Raphaël, c’est Raphaël »… C’est à ce moment du roman que l’on comprend mieux les allusions à la juge, à l’avocat, au psychiatre… Raphaël est accusé d’avoir poussé Anne.

Ce roman fort dense, merveilleusement écrit par Pierrette Fleutiaux, a tendance à déconcerter le lecteur en raison d’un va-et-vient dans le temps et les faits, avec certaines clés acquises tardivement.

J. M, L’Écho de la Haute-Vienne (2 sept 2005).