GÂTÉS ET SOLITAIRES
Lorsque Raphaël croise pour la première fois leur chemin à Bourgneuf, la modeste ville de province où il a grandi, on peine à distinguer le garçon de la fille. D’autant que ces deux-là s’accrochent farouchement à leur ressemblance. Raphaël, leur ainé de trois ans, va successivement devenir leur baby-sitter, leur souffre douleur, le garde fou de leurs peurs, puis leur scribe.
Pourquoi tomber aussi facilement sous l’emprise de ces enfants terribles ? Sans doute parce que Raphaël s’ennuyait aux côtés d’une mère employée de mairie. Il faut reconnaître que les jumeaux savent faire preuve de séduction avec un fils unique ressentant le besoin de devenir le compagnon perdu.
Servi par une construction habile, une écriture enlevée, le roman de Pierrette Fleutiaux alterne les époques, brouille les pistes. Il s’est manifestement passé quelque chose de grave, puisque Raphaël témoigne devant madame le juge dans une salle du palais de justice, mais chut, n’en révélons pas trop.
Pierrette Fleutiaux raconte à merveille les fascinations de l’enfance et les troubles de l’adolescence à travers l’évocation d’un trio forcément bancal. Un trio qui tanguera dangereusement lorsque Raphaël essaiera d’y adjoindre un quatrième élément…
Alexandre Fillon, Le Figaro Madame, (3 septembre 2005).