L’Écho de la Haute-Vienne, 29 août 2001, Jacques Morlaud


PIERRETTE FLEUTIAUX SIGNE UN TENDRE ROMAN

Poursuivons la rentée littéraire. Ainsi aux éditions Actes Sud, Pierrette Fleutiaux signe « Des phrases courtes, ma chérie »

L’auteur livre aux lecteurs un  « témoignage »  romancé et en grande partie autobiographique

Je ne sais pas écrire un témoignage. Un témoignage, c’est la vie de tout un chacun copiée au plus près. Pour la vie copiée au plus près, je n’ai pas besoin d’un livre. »

Il s’agit de la finale vie de sa mère : à partir du moment où celle-ci ne pouvant plus rester seule, entre dans une maison de retraite, jusqu’à sa disparition. Le décor n’est autre que Limoges, ville où étaient installés les parents de Pierrette Fleutiaux.

Quand je n’aurai plus de raison d’y aller, j’y serai par la pensée, presque chaque jour. »

Atteint de la maladie de Parkinson, le père de l’auteur ancien directeur de l’École Normale meurt. Son épouse va vivre seule, quelque temps dans une maison qui devient trop grande. En accord avec ses enfants, elle se retire dans une maison de retraite réputée pour être confortable (située près de l’Hôtel de Région). Elle y restera jusqu’à sa mort. D’une page à l’autre, Pierrette Fleutiaux exprime les rapports mère-enfants, plus précisément mère-fille ; traduit avec exactitude les sentiments d’une femme qui ne se laisse pas abattre et qui prépare chaque jour avec plus de minutie son départ pour l’au-delà. C’est aussi le désir pour la fille que sa mère puisse être heureuse avec tout ce que cela comporte dans la vie de tous les jours : chaque objet familial est le prétexte pour la mère de Pierrette de se replonger dans les souvenirs, à faire dérouler des séquences de sa vie. Dans le même temps, cela déclenche des flash back dans la mémoire de Pierrette…

Au travers de ce cheminement, l’auteur dépeint avec exactitude les traits, les attitudes, le train train, d’une certaine vieillesse : le souci de la mère de partager ce qui lui reste avec ses enfants, de rester digne dans cette maison de retraite huppée où  « les charges, sont très élevées » , où chez  « les pensionnaires il n’y a que l’extérieur qui compte… »

Ce rapport mère fille, le reflet d’une vie (et par transposition de sa vie), les facettes dont l’important environnement de la vieillesse…, sont exprimés avec tendresse, affection, sérénité et amour s enfants et le regard apaisé et porteur de sens d’une maturité : assumée et sereine. Merveilleuse synthèse.

Jacques Morlaud, L’Écho de la Haute-Vienne (29 août 2001).