Livret du conte opéra : la femme de l’Ogre

 

POUR LE LIVRET DE CE COURT OPÉRA, PIERRETTE FLEUTIAUX VOULAIT UNE HISTOIRE QUI PLONGE SES RACINES DANS UN PASSÉ TRÈS ANCIEN ET COMMUN À TOUS LES PAYS.


 

Je voulais en même temps que cette histoire soit très moderne et corresponde â mes lignes personnelles.

Je voulais qu’elle ait une intrigue dramatique simple mais forte. Le conte de fée répondait à tous ces désirs. Il appartient à la culture universelle, mais ainsi qu’il en va avec les très vieilles histoires anonymes, son matériau peut être modelé, transformé, suivant le conteur ou l’époque.

J’ai donc choisi le conte du Petit Poucet et je l’ai transformé.

Le personnage qui m’intéressait est celui qui est le plus négligé dans l’histoire, à savoir la femme de l’Ogre, celle qui accueille les garçons perdus et s’efforce de les sauver. Je me suis mise à penser à ce personnage. C’est une femme sensible, elle vit avec un homme terrible, l’Ogre, et voici qu’arrive un troisième personnage, Poucet, un jeune garçon qui vient de faire connaissance avec le malheur mais qui lutte avec toute la force de sa jeunesse et de son astuce.

Il suffisait de faire de Poucet non plus un enfant, mais un jeune homme, et voilà que l’intrigue était nouée, que le conte se transformait, devenait une histoire d’amour archétypale, exaltée par la présence bruissante, vivante de l’immense foret… »


ACTE I


1

Chant de la Foret
LA FORET :
Entends-tu ce bruit menu

Au fond de la foret

Ce bruit tendre et obstiné

Dans ce gigantesque filet

L’entends-tu, femme de l’Ogre,

Au fond de la tete

où bouge la foret ?

2

Chant de la Femme
À pas inquiets 
dans la clairière 
la femme de l’Ogre
 ramasse les baies, 
les feuilles
les racines.

Sur le feu l’eau chante

Dans les vapeurs parfumées 
la femme de l’Ogre se blottit

Puis sur le seuil s’assied
 et regarde la foret.

3
Ce bruit tendre et obstiné 
l’entends-tu,
femme de l’Ogre
au fond de ta tête
 où bouge la forêt ?

ACTE II


1

Chant de l’Ogre

Pas de l’Ogre résonnement

des bottes de sept lieues, ouragan sur la forêt, porte claquées dans le vent.

L’OGRE :

Femme,
 Femme,
 où sont les bêtes que j’ai tuées ?
 Les as-tu apprêtées ?

Les as-tu entassées ? 
Où est le vin, où est le sang ?
 Les Ogres mes amis 
de l’horizon arrivent

Nous avons parcouru la terre
 dans nos bottes de sept lieues 
crachant l’horreur et la peur 
nous les grands prédateurs.
 Mais vers toi je reviens 
avec les ogres mes amis,
 à toi nous ne ferons pas de mal,

Tu es la femme de l’Ogre
 gardienne de nos proies

CHOEUR DES OGRES :

Crachant l’horreur et la peur

nous, les grands prédateurs,

mais vers toi nous revenons, à toi nous ne ferons pas de mal,

Tu es la femme de l’Ogre gardienne de nos proies.